À Cormontreuil, un homme ouvre la porte d’une maison et tire au fusil dans le salon

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Samedi à 3 heures du matin, l’occupant d’une maison de Cormontreuil a vu la porte d’entrée s’ouvrir et un fusil faire feu dans le salon.

La vague de violence qui touche la ville depuis quelques jours a brutalement commencé à 3 heures du matin, samedi, avec l’irruption d’un homme armé dans une maison de Cormontreuil, commune pourtant réputée tranquille de l’agglomération rémoise. L’individu a ouvert la porte et tiré un coup de fusil dans le salon où se trouvait l’ami de la locataire. Volonté de tuer ou d’intimider ? Le tir est passé plutôt loin pour toucher le téléviseur. Un enfant de six ans était présent.

L’agresseur serait reparti à bord d’une « voiture rouge » que des témoins ont vu arriver avec « trois ou quatre » personnes à bord. Le plaignant, un certain Pierre-Emmanuel, 35 ans, a livré un nom aux enquêteurs : le tireur serait Aziz Saïb, Rémois de 24 ans domicilié à Wilson. Il explique que deux jours plus tôt, Aziz l’aurait abordé dans sa voiture pour lui demander de payer « 1 000 euros par semaine ». Le « pourquoi ? » est resté évasif : « Parce qu’il pense que j’ai de l’argent ».

Une arrestation mouvementée
Samedi vers 15 heures, l’arrestation du suspect au quartier Wilson s’est déroulée dans des conditions mouvementées : « appel à l’émeute » selon les agents de police, tir de Flash-Ball sur un ami qui filmait, accusations de « violences policières » réitérées le lendemain quand la police est revenue pour interpeller le vidéaste et son frère à la sortie d’un repas familial (gaz lacrymogène, nouveau tir de Flash-Ball avec impact de la balle de caoutchouc sur le bras d’une sœur qui portait son bébé). De leur côté, les policiers comptent cinq blessés samedi, deux dimanche.

Mis en examen lundi pour « outrages, rébellion, menaces de mort », les deux frères ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire* tandis qu’Aziz Saïb, mis en examen pour « tentative de meurtre », avait demandé le report du débat sur la détention pour pouvoir préparer sa défense.

La piste d’un « trafic de stupéfiants »
L’audience s’est tenue jeudi matin. Le fond de l’affaire ? « Un règlement de comptes probablement lié à un trafic de stupéfiants, mais c’est à l’instruction de le déterminer », observe prudemment le juge des libertés et de la détention. Devant lui, Aziz clame son innocence. « Je n’ai pas commis ces faits-là. Je ne connais pas du tout cette personne. Je n’y étais pas. J’étais chez moi mais la police n’a pas vérifié. Elle n’a pas cherché si j’avais de la poudre sur mes mains ou les vêtements. »

Son avocate, Me Anne-Claire Moser-Lebrun, évoque « une victime pas très claire » déjà « connue pour des problèmes de stupéfiants », contrairement à son client. Certes, Aziz traîne un casier lourd de quatorze condamnations – vols, violences, délits routiers… – mais aucune pour drogue. « C’est quelqu’un qui se réinsère. Il travaille en CDI dans le bâtiment. Il est en train de monter un restaurant. La victime a manifestement un problème avec une personne, mais ce n’est pas avec M.Saïb. » Le juge a toutefois décidé qu’en l’état du dossier, il y avait lieu de le placer en détention provisoire. La décision de faire appel a déjà été prise.

* Deux autres jeunes sont convoqués en justice après cette arrestation musclée, un troisième pour être venu proférer des menaces au commissariat.

THIERRY PELLETIER / Avocat : EN SAVOIR +