Procès des vendangeurs mal-logés, le jugement rendu en septembre

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Vendredi 2 juillet s’est achevé le procès qui a mis en lumière les arrières-cuisines parfois peu reluisantes du monde du champagne. Jugement le 11 septembre.

Après deux jours durant lesquels avaient été détaillés comment des vendangeurs étrangers furent pris en charge et exploités « dans des conditions contraires à la dignité humaine », la parole était, ce vendredi 2 juillet, à la défense. Les avocats des prévenus les moins exposés dans cette volumineuse procédure le répétèrent : « Mon client est comme tout le monde : écœuré, choqué par ce qu’il a pu découvrir ! », fixa notamment Me De la Roche. Avant de plaider la relaxe de celui-ci, gérant de Serviti, sous-traitant de Veuve Clicquot... et donneur d’ordres à Rajviti, dont le couple de gérants est poursuivi pour « traite d’êtres humains ». 

Autre société de prestation située en milieu de chaîne, Vitichenille était en 2018 « dépendante économiquement de Clicquot », selon Me Brazy, avocat d’un des deux gérants. Au fil des ans, Clicquot, satisfait du travail de Vitichenille, donnait davantage de parcelles à vendanger. D’où le besoin pour ce sous-traitant... de sous-traiter.

Le jugement a été mis en délibéré au 11 septembre
« La réalité des vendanges en Champagne, c’est cela, tonna l’avocat : des sous-traitants qui ont la pression de tout - de la maison-mère, de la météo, etc - qui doivent aller vite, trop vite pour tout vérifier. Pendant les trois semaines de vendanges, la seule chose qui compte est d’amener le raisin au pressoir ; sinon, le contrat avec la grande maison ne sera pas reconduit l’année suivante. Cette réalité, ce n’est pas eux qui la décide, c’est à eux qu’elle s’impose ! »

Comme la veille, l’absence du Comité interprofessionnel du vin de champagne (CIVC) fut durement épinglée : « Pourquoi ils ne sont pas là, sur le banc des parties civiles ? Mais parce que (ce qui est dans ce dossier) se fait partout et parce qu’ils le savent ! », affirma Me Brazy. Me Chemla, avocat du cadre de Veuve Clicquot, plaida lui aussi la relaxe, rappelant au passage que « seulement deux de la quinzaine des donneurs d’ordre de Rajviti ont été poursuivis dans ce dossier ».

Me Berdugo, avocat des gérants de Rajviti contre qui ont été requis trois et deux ans de prison, s’attacha à démontrer que ce couple avait été seulement « dépassé par la croissance trop rapide » de leur entreprise, plongée elle aussi dans la course effrénée des vendanges.

Jugement le 11 septembre.

THIERRY PELLETIER / Avocat : EN SAVOIR +