Patron de maisons de champagne tué à Reims: le chauffard condamné à deux ans de prison ferme

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Jugé ce mardi à Reims, un jeune homme de 20 ans a été condamné à trois ans de prison - dont deux ans ferme - pour avoir pris la fuite après avoir mortellement percuté un piéton, le 5 septembre rue Jacquart.

C’était le 5 septembre. Peu avant 14 heures, Philippe Fémel sort de son domicile, rue Jacquart, où il vient de déjeuner avec sa fille. Il traverse la route hors des passages. Au même instant, une puissante Audi arrive à vive allure, le percute violemment et continue sa route. Projeté à vingt-quatre mètres du point d’impact où seront retrouvées ses lunettes, Philippe Fémel meurt sur le bitume. Directeur général de deux maisons de champagne, il venait de fêter ses 66 ans, était veuf depuis deux ans après quarante ans de mariage et était père d’une fille unique, sage-femme à Reims. Arrivés sur place, les policiers effectuent les premières constatations : la chaussée était sèche, la circulation quasiment nulle. Aucune trace de freinage n’est relevée. Les cinq témoins de l’accident soulignent tous la vitesse excessive du conducteur – sans pour autant la déterminer avec précision.

“Une authentique voiture de kéké !”

Dans le même temps, moins d’une heure après la collision fatale, un jeune homme de 20 ans se rend au bureau de police de Bétheny. Il s’appelle Angel Rostas et reconnaît être le conducteur de l’Audi A5. « Une authentique voiture de kéké ! », taclait, hier, l’avocate de la famille Fémel, Me Anne-Claire Moser-Lebrun.

Dans son box, Angel Rostas, jugé pour « homicide involontaire » écoute en acquiesçant les propos traduits par l’interprète. Né en Roumanie, ce jeune père de famille réside en France depuis sept ans. Il préside une petite entreprise forestière familiale que gère son père. « Et quand les policiers vous apprennent que la victime est morte, ils constatent que vous n’arrivez plus à parler en français… », relève le président Creton.

Le prévenu, qui s’était déjà signalé par des excès de vitesse, ne pourra repasser son permis avant cinq ans

S’il n’a jamais été condamné, Angel Rostas, qui n’avait consommé ni drogue ni alcool le jour des faits, s’est déjà signalé par plusieurs excès de vitesse, dont l’un, pour lequel il roulait « entre 30 et 40 km/h au-dessus de la vitesse autorisée », lui a coûté deux mois de suspension de permis en 2018. En réalité, ce conducteur, titulaire depuis 2017 d’un permis de conduire roumain, n’avait pas le droit de rouler en France car il n’avait pas achevé les démarches pour le transformer en permis français – ce qui lui vaut, pour cela aussi, d’être poursuivi.

Le président fixe le prévenu : « Et vous, qu’est-ce que vous nous dites sur les faits qui vous sont reprochés ?

– Je suis désolé de ce qui s’est passé, je regrette beaucoup (…)

– Pourquoi ne vous êtes-vous pas arrêté sur les lieux ?

– J’ai eu tellement peur… »

Dans une plaidoirie à la colère sourde, Me Moser-Lebrun s’emporte contre « la lâcheté ! » de ce prévenu « qui a semé la mort ! » et évoque la « détresse » de la fille de la victime. Le procureur de la République, Matthieu Bourrette, pointe ensuite « le plaisir égoïste de la conduite de Monsieur Rostas ! (…) Il a fait ce jour-là le choix de considérer que la route lui appartenait » Et de requérir trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis, avec maintien en détention. Avocat de la défense, Me Emmanuel Ludot dit « comprendre parfaitement la douleur incommensurable que peut ressentir la famille de la victime ». Avant d’évoquer son client, « traumatisé jusqu’à la fin de ses jours. »

Reconnu coupable à l’issue du délibéré, Angel Rostas est condamné à trois ans de prison, dont un an avec sursis. Maintenu en détention, il ne pourra plus repasser son permis de conduire avant cinq ans.

THIERRY PELLETIER / Avocat : EN SAVOIR +